Le mot poésie provient du latin poēsis, qui à son tour dérive d’un concept grec dont la signification est « créer ».
En 1970, en résonance avec la signification originelle de ce mot, les biologistes Francisco Varela et Humberto Maturana proposent le néologisme « autopoïèse » pour se référer à la condition existentielle des êtres vivants en continuelle création d’eux-mêmes.
A partir de cette vision, le vivant apparaît comme un phénomène circulaire en constant processus créatif, comme un flux incessant d’énergies, duquel resurgit continuellement le plus palpable de tous les mystères, le plus quotidien de tous les miracles : la vie.
Au-delà de notre mort personnelle, la vie ne s’arrête jamais. Individuellement nous sommes mortels, mais collectivement nous sommes éternels. Il existe un continuum vital, un chemin évolutif dont nous sommes marcheurs et empreintes. Si nous pouvions le quitter, si nous pouvions suivre les traces de tous les êtres vivants de tous les temps, nous pourrions dévoiler le mystère de l’origine. Ou peut-être nous rencontrerions nous marchant sur un sentier en spirale, sans début ni fin. Au moins par l’imagination, nous pourrions entreprendre ce voyage, peut-être que nous apparaîtrions, en découvrant que la vie ne s’est jamais arrêtée et dans notre opportunité unique d’être vivant aujourd’hui, que nous sommes des porteurs d’éternité.
Naître, jouer, rêver, faire l’amour, avoir des enfants, sont des actes poétiques qui nous parlent subtilement de notre nature infinie. Dans chaque geste vital, nous sommes les versets d’une poésie inachevée, nous somme le métronome de la musique qui a commencé avec le premier battement.
Ainsi, il serait prudent de ne jamais nous habituer à exister. Ne jamais perdre l’émerveillement d’être vivant. Être un corps reconnaissant qui aime et qui danse avec toutes les choses de ce monde. Assumer notre condition numineuse, non comme un simple chemin d’illumination, mais comme une condition immanente de l’acte de vivre, comme la joie qui surgit du fait de sentir que nous sommes la continuité de la vie.
Respirer
c’est exercer l’abondance d’exister
avoir l’intuition à chaque seconde
de la source inconditionnelle d’énergie
du pendule des distances
des lois de l’équilibre
de la confiance
et de l’abîme…
Nous sommes l’afflux d’une source éternelle
l’élan créatif du Rien
nous concédant le pouvoir de nous manifester…
Cela aurait pu être autre chose
cela aurait pu émerger dans les confins d’un autre présent
dériver en un autre chaos
resurgir en d’autres corps…
mais ce fut la Vie
un souffle de liberté
la tentation d’un miracle et la matière
laissant des empreintes de ce côté de l’infini
sur son chemin de retour vers l’origine…
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