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Photo du rédacteurBiodanza-Paula

Le continuum poétique de la vie par Ricardo Spreafico

Le mot poésie provient du latin poēsis, qui à son tour dérive d’un concept grec dont la signification est « créer ».


En 1970, en résonance avec la signification originelle de ce mot, les biologistes Francisco Varela et Humberto Maturana proposent le néologisme « autopoïèse » pour se référer à la condition existentielle des êtres vivants en continuelle création d’eux-mêmes.


A partir de cette vision, le vivant apparaît comme un phénomène circulaire en constant processus créatif, comme un flux incessant d’énergies, duquel resurgit continuellement le plus palpable de tous les mystères, le plus quotidien de tous les miracles : la vie.


Au-delà de notre mort personnelle, la vie ne s’arrête jamais. Individuellement nous sommes mortels, mais collectivement nous sommes éternels. Il existe un continuum vital, un chemin évolutif dont nous sommes marcheurs et empreintes. Si nous pouvions le quitter, si nous pouvions suivre les traces de tous les êtres vivants de tous les temps, nous pourrions dévoiler le mystère de l’origine. Ou peut-être nous rencontrerions nous marchant sur un sentier en spirale, sans début ni fin. Au moins par l’imagination, nous pourrions entreprendre ce voyage, peut-être que nous apparaîtrions, en découvrant que la vie ne s’est jamais arrêtée et dans notre opportunité unique d’être vivant aujourd’hui, que nous sommes des porteurs d’éternité.


Naître, jouer, rêver, faire l’amour, avoir des enfants, sont des actes poétiques qui nous parlent subtilement de notre nature infinie. Dans chaque geste vital, nous sommes les versets d’une poésie inachevée, nous somme le métronome de la musique qui a commencé avec le premier battement.


Ainsi, il serait prudent de ne jamais nous habituer à exister. Ne jamais perdre l’émerveillement d’être vivant. Être un corps reconnaissant qui aime et qui danse avec toutes les choses de ce monde. Assumer notre condition numineuse, non comme un simple chemin d’illumination, mais comme une condition immanente de l’acte de vivre, comme la joie qui surgit du fait de sentir que nous sommes la continuité de la vie.


Respirer

c’est exercer l’abondance d’exister

avoir l’intuition à chaque seconde

de la source inconditionnelle d’énergie

du pendule des distances

des lois de l’équilibre

de la confiance

et de l’abîme…

Nous sommes l’afflux d’une source éternelle

l’élan créatif du Rien

nous concédant le pouvoir de nous manifester…

Cela aurait pu être autre chose

cela aurait pu émerger dans les confins d’un autre présent

dériver en un autre chaos

resurgir en d’autres corps…

mais ce fut la Vie

un souffle de liberté

la tentation d’un miracle et la matière

laissant des empreintes de ce côté de l’infini

sur son chemin de retour vers l’origine…

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