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Photo du rédacteurBiodanza-Paula

Un voyage dansant vers l'origine par Gustavo Schlegel

Archétype et société

Pour qui rêve d’une vie dansée et centrée sur les relations qui viennent du cœur, examiner les archétypes de transformation est inévitable.

Les archétypes, comme la Biodanza, surgissent de la vivencia, de l’événement. C’est depuis le noyau même de l’expérience des différentes formes de liens et de comportements humains que se créent les mythes et les légendes qui représentent les qualités et les ombres présentes en chacun de nous et en chaque société.

Jung désigne les archétypes comme des « modèles de comportement… contenus psychiques soumis à aucune élaboration consciente ». Ils naissent dans le sensible et c’est de là qu’ils se traduisent en symboles. Cependant, quand les symboles cessent d’être connectés au sensible, alors des catégories de bien ou mal, de correct ou incorrect peuvent se former, catégories basées sur des idées déjà usées par le temps.

Les catégories du Héros ou du Méchant, de l’Idiot ou du Sage, du Respectueux ou de l’Insolent peuvent former des images de construction adoptées sans questionnements et sans réflexion (images de projection collective qui marquent une tendance à continuer une forme de comportement « civilisé ») ou peuvent être également l’excuse nécessaire pour me connecter à mon cœur et découvrir ce que je ressens au travers de ces images installées en moi ou dont j’aimerais qu’elles s’installent et me transformer (la possibilité de danser avec ces images et de les transformer à partir des cinq lignes de vivencia).

Les archétypes naissent d’une expérience mais acquièrent différentes caractéristiques selon qu’il s’agit de sociétés agonistes (caractère premier de notre civilisation) ou de sociétés hédonistes.

Les sociétés agonistes sont des sociétés basées sur des critères de domination, régies par le mâle dominant, caractéristiques des groupes de macaques du japon, per exemple. Dans ces sociétés prédominent le vol, la suspicion et la compétitivité envers l’autre par des relations d’exploitation et de disqualification. L’autre est toujours un ennemi possible, celui auquel je dois m’opposer ou au moins contre lequel je dois me défendre. Ce sont des sociétés où il y a beaucoup de formes de rencontres et de groupes mais il s’agit le plus souvent de foules solitaires auxquelles manquent des raisons et des convictions pour arriver à une vie solidaire et à des relations interpersonnelles profondes.

Les noms des archétypes de nos sociétés ne diffèrent pas de ceux des autres. Cependant, les caractéristiques d’une société où vivre est vivre ensemble en doutant et suspectant les autres seront très différentes d’une société où les relations viennent du cœur et qui ont une connexion avec la vie et l’Univers. L’archétype de l’Amant, par exemple, peut correspondre pour l’un à des relations contractuelles (basées sur le manque de confiance) et pour l’autre qui vit la vie à partir de l’amour, il signifie aimer les personnes, les animaux, les plantes et la vie entière, en s’aimant soit particulièrement comme être total et complet, méritant de donner et recevoir de l’amour.

Aux sociétés hédonistes correspondent les grands primates comme le chimpanzé et le gorille. Elles se caractérisent par le fait qu’elles ne sont pas des sociétés fermées, elles peuvent admettre d’autres membres, même d’autres races ou d’autres espèces. Leur caractéristique comportementale est l’attention et le soi. Elles développent des comportements communautaires où priment la sensibilité, le contact et le partage des objectifs.

Dans le modèle agoniste où l’activation de l’émotion est régie au niveau du cortex, le Héros ou l’Héroïne viennent du manque de confiance. Leur mission est de restaurer l’ordre que les méchants (ceux inconnus de notre entourage) ont troublé en introduisant leurs valeurs et leurs habitudes dans la vie quotidienne, garantissant la « paix » d’une société déterminée. Le Héros ou l’Héroïne d’une société hédoniste, par contre, a des caractéristiques beaucoup plus remarquables dans l’abandon, dans l’importance de l’amour, caractéristiques qui pourraient être plutôt apparentées à l’Idiot dans nos sociétés agonistes connues. C’est l’Amant qui revient pour couper encore et encore une fleur et parcourt une longue distance pour la donner à son aimée. Il est plein de courage, sans se soucier du fait qu’il pourrait être rejeté.

L’archétype du Gourou dans les sociétés où les relations d’échange sont négociées, sera celui qui pourra en échange d’un prix, offrir « l’illumination » sans qu’aucun travail intérieur ne soit fait. Le Gourou, par contre, dans les sociétés où l’amour peut se trouver en chacun de nous (ce qui est appelé Grand Esprit par nos peuples originaires) est celui qui sait que tout est amour et choisit de vivre sa vie en exprimant au travers d’elle cette totalité.


Mythes et Archétypes

Les archétypes ont parcouru l’histoire des espèces, l’humanité et les cultures. Ils l’ont fait à partir du sensible et quand cette sensibilité devient symbole, elle reste ankylosée dans un moment concret de l’histoire. L’archétype perd sa caractéristique principale, la transformation de soi, de l’humanité, des espèces et du cosmos.

Les premiers mythes naissent dans les nuits étoilées, en regardant les étoiles et en imaginant en elles des figures qui représentent des personnes ou des animaux caractéristiques du lieu. Ces personnes et ses animaux acquièrent des significations et plus tard une histoire qui les contient se crée.

La constellation de la croix du sud pour les premiers peuples sud-américains, des mapuches de Patagonie aux Guaranis, représentait la patte d’un Nandou. Aucun d’eux ne connaissaient de croix ni ce qu’elles signifiaient. En Océanie, cette constellation représentait la tête d’un Émeu qui est un oiseau très ressemblant au Nandou.

L’histoire des Tehuelches raconte la chasse d’un grand nandou qui, grâce à sa rapidité et son habileté, n’avait pas pu être atteint par ses persécuteurs. Une nuit, les chasseurs arrivèrent à l’encercler, mais le nandou réussit à leur échapper au sud. Il survola une grande plaine où on observait un merveilleux arc-en-ciel dessiné sur le sol. Un des chasseurs se rapprocha de lui mais le nandou tourna brusquement et, en appuyant une de ses pattes sur l’arc-en-ciel, commença à monter par ce chemin de couleurs. Dans une tentative désespérée pour l’attraper, Korkoronke lança ses bolas mais le nandou réussit à les esquiver en faisant un saut dans le vide.

Lorsque Korkoronke retourna vers sa communauté, personne ne crut en cette fabuleuse histoire, mais à la nuit tombée, ils purent observer dans le firmament une des plumes que le nandou avait laissée dans sa course et les bolas que Korkoronke n’avait pu retrouver sur le sol. Ce sont les étoiles que nous connaissons comme les Trois Maries. (

Ces mêmes bolas représentent à partir d’un autre endroit et dans un autre contexte historique la ceinture d’Orion. Orion est un chasseur gigantesque qui est tombé amoureux d’une princesse grecque et est rendu aveugle par le père de celle-ci, jaloux. Il arrive à récupérer la vue quand un Oracle lui conseil de regarder le soleil à l’aube. La première chose qu’il voit est Aurore, la déesse de l’aube et quand les deux croisent leur regard, ils tombent amoureux. Son bonheur est de courte durée car il est piqué par un scorpion et meurt. C’est pour cela qu’il apparaît toujours à l’est alors que son ennemi le scorpion apparaît à l’ouest. Ainsi, les constellations d’Orion et du scorpion ne sont pas visibles en même temps.

Les mythes sont ces histoires qui représentent des situations dans des contextes historiques déterminés. Toutefois, l’archétype du Chasseur est le même, dans un endroit il a des épées et une armure, dans l’autre des bolas. Ce chasseur a aussi ses lumières et ses ombres qui auront un impact différents sur les événements.

Les archétypes peuvent se voir à partir d’une vie centrée sur le cœur ou centrée sur l’accomplissement de rôles et l’action. Les archétypes qui représentent les sociétés hédonistes et agonistes sont ceux du Gourou et de l’Égotiste.


Biodanza et Archétypes de transformation

La Biodanza est connexion, avec soi-même, avec les autres, avec la nature et avec le cosmos.

Les archétypes sont des projections, ce sont des miroirs universels avec toutes les qualités émotionnelles. Ils représentent la force et la faiblesse, l’amour et la haine, le courage et la peur. Ils peuvent donc être un signal sur le chemin vers cette connexion, vers le comment me centrer sur la vie et sur l’amour, une façon de danser avec mon ombre intérieure les conflits non résolus et combler les parties de moi que je n’ai pas pu exprimer jusqu’à aujourd’hui. Quand, j’exprime, j’ai la possibilité de sortir ce qui était emprisonné, une façon de faire que je considère meilleure pour mon être, au lieu de faire ce que les « autres » pensent que je devrais faire.

Notre galaxie à trois cent mille millions d’étoiles, on compte cent millions de galaxies dans l’univers exploré. Dans notre propre galaxie, il y a des étoiles qui brillent comme trois cent mille soleils et elles sont même considérées comme ayant une puissance moyenne par rapport à d’autres étoiles de l’univers.

Un Gourou est celui ou celle qui peut dire de manière sentie qu’il voit briller les yeux de son aimé(e) et qui peut sentir dans une danse de contact la chaleur du soleil sur son corps.

Il reconnaît qu’il n’est pas seulement en train de dire un poème parce qu’il sait et sent que le calcium de son corps est le même calcium de la mer, dont il est sorti, et ce même calcium est celui des étoiles et celui qui flotte dans les océans stellaires.

Le fer dans son sang est le fer qu’ont les astres est le même qui parcourt tout son corps. Les éléments que contiennent les météorites, cuivre, phosphore, calcium sont les mêmes qui sont présents dans notre corps.

Comme l’a toujours répété Rolando Toro Araneda, nous sommes enfants des étoiles. Cela veut dire que quand nous dansons, c’est la création entière avec ses trois règnes, minéral, végétal et animal qui danse sur la mesure rythmique et harmonieuse de l’amour.

Le choix est dans le fait d’être compétitif et méfiant ou ouvert et vulnérable.

Quand la danse devin une avec l’Origine, nous pouvons sentir que le flux de la vie parcourt nos veines et nos entrailles. Cela peut être un poids dans la balance pour trouver de quelle forme d’archétypes nous nous rapprochons.

Les papillons, les baleines, les dauphins le font, ils voyagent en se guidant des champs magnétiques de la terre et par leur intuition. Le chemin des archétypes liés au mouvement et à l’énergie corporelle, permet de découvrir notre espace-temps et notre lieu, un voyage dansé à partir du besoin mythique de devenir un héros et de retourner rénové à son lieu d’origine.

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