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Énigmes par Silvia Eick

Je me suis toujours sentie attirée et intriguée par les trois énigmes existentielles proposées par Rolando Toro Araneda, créateur de la Biodanza.

 

Rolando disait qu’il existe trois questions qui forment le noyau émotionnel de notre existence. Ce noyau émotionnel est construit à partir des réponses que nous donnons à ces trois énigmes existentielles. Ce sont trois questions, selon Toro, que nous devons nous faire au moins deux fois par année pour savoir dans quelle direction va notre vie. Si nous conduisons vraiment notre vie vers un espace de santé, de plaisir, d’amour, de bonheur et d’abondance.

 

Ces questions sont :

Est-ce que je vis où je veux vivre ?

Est-ce que je vis avec qui je veux vivre ?

Est-ce que je fais ce que je veux faire ?

 

Ce sont des questions qui semblent puériles, simples mais qui ont des répercussions profondes sur nos choix de vie, sur la façon dont nous vivons la vie, comment nous décidons de vivre, comment nous choisissons de vivre.

 

J’ai conscience nous ne pouvons pas toujours faire le choix qui bat fort dans notre cœur, mais si ma réponse est claire, si mon choix est clair, je peux suivre un chemin qui, peut-être en ce premier moment ne m’amène pas la réponde définitive, mais je sais que c’est un chemin que j’ai à parcourir momentanément pour chercher la réponse qui me satisfera.

 

Peut-être finirons-nous par trouver une solution. Mais le plus important ici est que ces réponses soient le résultat de nos choix. Ceci est un processus d’auto-responsabilité, chaque personne étant responsable de la manière dont elle vit actuellement. Parce qu’il est plus facile de mettre la responsabilité dans les mains d’une autre personne, dans les mains d’un mari désagréable, dans les mains d’un père qui n’a pas su donner l’amour dont j’avais besoin, ou dans les mains d’un gouvernement qui ne me facilite pas à avoir l’emploi de mes rêves.

 

Au-delà de tout cela, cependant, qui est une réalité, il y a ma position : ce que je choisis. Tout choix a un prix. Pas un prix dans le sens d’un châtiment, mais l’univers est fait d’échange : chaque fois que j’ai donné quelque chose, je reçois. Pour que je reçoive, je dois laisser partir certaines choses. Si ma main est pleine de quelque chose, il n’y a pas de place pour recevoir plus. C’est pour cela que je dois ouvrir la main pour être disponible à recevoir quelque chose de nouveau.

 

L’invitation est aussi d’être disponible pour l’échange, j’ouvre ma main à certaines choses pour en recevoir d’autres. Ce processus de détachement n’est pas toujours facile, mais c’est un processus qui fait partie de la vie, c’est un processus nécessaire pour notre évolution, pour notre chemin.

 

Où vivre ?

Commençons par la première énigme qui est : où vivre. Rolando Toro Araneda a un beau poème lié à cela. Le poème s’intitule :

« Cherche un endroit que tu aimes »

Ne t’habitue pas à vivre dans une ville.

Cherche un endroit que tu aimes

Reçois le don du soleil et de l’ombre,

la pierre secrète qui t’attend.

Cherche l’arbre qui te donne sa verte présence

sa torsion et sa force.

Dans ce petit espace sans limite

abandonne-toi

Retourne à l’hologramme doré

hors du temps

Invente là ta liberté.

 

Pourquoi cette proposition d’où nous voulons vivre. Nous devons trouver l’endroit qui nous appelle, l’endroit avec lequel nous résonnons profondément. Tous les endroits sont bons, parce que chaque personne se sent reliée à un type de lieu différent.

 

Par exemple : la plage, la montagne ou la ville. Vivre près de la mer est optimal : le ciel, l’horizon sans limite, la possibilité de recevoir de l’air frais. Ce besoin d’espace ouvert peut résonner profondément en moi et c’est exactement de cela dont j’ai besoin.

Choisir les montagnes est optimal : l’air frais du matin, voir la vie se rénover, le cycle des saisons, les feuilles et les arbres changeant de couleurs. La montagne est aussi une possibilité, cette possibilité est optimale pour certaines personnes, alors que d’autres ne se sentent pas de lien, ni appelées par la montagne ou la forêt.

 

Je peux choisir de vivre en ville : cette diversité culturelle, ces stimulations que j’ai pour être avec des personnes différentes, pour aller voir un spectacle de théâtre, pour participer à un événement culturel, pour voir cette effervescence de vie. Cela aussi est excellent.

 

Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y a pas de lieu qui soit bon pour tous. Chaque personne doit trouver cet endroit de profonde résonance écologique, là où la vie fait écho en lui. C’est en ce sens que nous parlons d’écologie.

 

Où est-ce que la vie résonne en moi ? Où est-ce que je sens ma vie pulser le plus intensément ? Au bord de la mer ? Dans la forêt ? En ville ? Et pour chaque choix il y a de nouveaux choix. Par exemple : je choisis la forêt, et là aussi il y a plusieurs choix. Je peux choisir de m’allonger sur l’herbe, en admirant les fleurs. Je peux choisir de m’allonger et de regarder le ciel en regardant la forme des nuages, chacun ayant quelque chose à me dire, comme un signal. Ou je peux choisir de prendre un bain sous une cascade.

J’ai ainsi choisi différentes situations qui m’amènent à la deuxième question existentielle.

 

Avec qui je veux vivre ?

La deuxième question existentielle, selon l’énigme proposée par Rolando Toro Araneda, est « avec qui est-ce que je veux vivre » ou, comme le dit Toro : « L’autre donne de mes nouvelles ».

Nous avons un poème de Rolando Toro Araneda intitulé « Manifeste »

Nous sommes la mémoire du monde.

Nous devons seulement nous souvenir de ce qui est dans nos cellules.

Les fruits de l’été, l’amour voluptueux

La capacité de se mettre à la place de l’autre.

Le contact.

Le courage d’innover.

L’étreinte, l’adieu et la rencontre.

La mer sur notre peau.

La musique de la vie.

La danse de la vie.

La Biodanza développe en nous la mémoire ancestrale

La possibilité absolue d’amour.

 

Dans cette deuxième énigme, avec qui vivre, nous avons de nouveau trois options : vivre avec quelqu’un, accompagné ; ou l’option peut être de vivre en communauté ; ou l’option peut être de vivre seul. Tous ces choix sont valables. Je peux choisir de vivre avec quelqu’un et il n’y a pas de problème, nous construisons ensemble. Rolando Toro disait que le couple écologique et une relation dans laquelle l’un renforce les potentialités de l’autre, c’est un renforcement réciproque de la vie, où nous nous encourageons mutuellement et améliorons notre l’expression de notre être.

 

Maintenant je peux ne pas avoir envie de vivre avec une autre personne, mais il me plaît de vivre en communauté. La communauté est ma famille, je peux donc créer une famille avec ma communauté. Vivre en communauté, ou être avec des personnes qui renforcent mes potentialités est aussi un choix.

 

Une autre possibilité est le choix de vivre seul. Vivre seul me permet d’avoir l’espace nécessaire pour mon développement et, parfois, quand j’en sens le besoin, d’être avec d’autres personnes. Vivre seul ne signifie pas vivre isolé du monde, ni vivre isolé des autres. Dans ce moment de ma vie, cependant, j’ai besoin d’être avec moi-même et non avec les autres.

 

Chacun de ces choix est bon, il dépend du moment existentiel de chaque personne. Ainsi, en fonction du choix que je fais, il m’amènera à une réponse.

 

Disons que je veux vivre avec une autre personne, et je peux alors choisir de vivre avec un homme, avec deux femmes, de vivre avec deux hommes. Il y a beaucoup de façons d’être avec une autre personne. Je peux aussi choisir de vivre seul : pour pouvoir exercer ma profession, en suivant la carrière que j’ai choisi ; pour pouvoir d’être à la maison, seul, en m’offrant des petits plaisirs ; ou pour pouvoir profiter de moments de paix en compagnie de la nature, par exemple.

 

En fonction de mes choix, j’arrive à la troisième énigme.

 

Que faire ?

La troisième énigme proposée par Rolando Toro Araneda est : que faire ? Nous avons l’habitude de relier cette troisième énigme avec notre profession, comme étant ce que nous voulons réaliser dans notre existence pour contribuer au monde, parce que la profession que chacun de nous exerce, la profession choisie, et un don que l’on a et qui est mis à disposition du monde et des autres.

 

Le « que faire » est intimement lié au poème de Rolando Toro Araneda intitulé « Genèse »

Et dieu créa le monde en sept jours

Le premier jour, il créa l’amour

et doucement la vie trembla dans l’œil  du chaos.

Le deuxième jour il créa le vent

et les semences d’amour se sont répandues sur la terre.

Le troisième jour il créa la mer

ses algues, ses poissons et le chant des baleines.

Le quatrième jour il créa la musique

et en chaque créature il a mis une chanson différente.

Le cinquième jour il créa l’homme et la femme

et leur donna la connaissance de l’orgie et le soin des enfants.

Le sixième jour il créa les champignons magiques

et les mis dans la bouche des hommes

Le septième jour il créa la danse

célébrant ses œuvres.

 

Ce que Toro nous enseigne avec ce poème est que les possibilités dans le monde sont infinies. Dans la création du monde, tous les jours quelque chose de grandiose fut créé et nous pouvons nous relier à certaines de ces grandes expressions de l’existence, en y mettant notre don, en y faisant ce qui est notre mission dans l’existence. Cela est normalement relié à la profession que nous choisissons. Ainsi, si la profession que j’ai choisie résonne en moi, elle a une résonance écologique. C’est cet écho qui donne vie à ma vie.

 

Il ne s’agit pas d’une profession frustrante, quelque chose qui ne serait pas une profession mais un travail. Un travail frustrant qu’il me coûte de faire chaque jour. Ma profession est ce que je fais par choix et avec joie. Par exemple, nous pouvons choisir d’être : un cuisinier, un écrivain ou un musicien. Disons que j’ai choisi d’être un écrivain. Là je peux choisir de me dédier à des textes anciens, ou je peux choisir d’écrire, ou je peux choisir quelque chose de plus technique, comme me dédier à un travail sur ordinateur.

 

Ainsi, ces choix offrent de nouvelles possibilités qui m’ont amené à d’autres chemins. J’accepte que je sois arrivée là où je suis arrivée parce que c’est le résultat de mes choix et personne n’est responsable pour ma vie que moi. Sans nier le contexte dans lequel je vis, le contexte social, familial, politique. Tout a une influence sur ma vie, et une influence relative sur mes choix.

 

Ainsi, si je fais des choix écologiques, des choix qui résonnent en moi, je suis absolument responsable du résultat. Il n’y a pas de certitude ou d’erreur, il n’y a pas de bien ou mal, ce qu’il y a ce sont des expériences dans la vie. Des expériences avec lesquelles j’apprends et des expériences qui m’apportent des éléments pour que je puisse faire de nouveaux choix. Ces nouveaux choix amèneront à des résultats différents. Parce que nous pouvons toujours nous réinventer. Peut-être est-ce le grand secret et la grande beauté de la vie.

Le défi

Le grand défi est… comment déchiffrer ces trois énigmes.

 

Les trois grandes énigmes proposées par Rolando Toro Araneda concernent le style de vie, concernent la reconnaissance de ce qu’il y a de plus vrai en chaque individu et le courage de construire en résonance et en cohérence son projet existentiel. La Biodanza est une manière d’aborder ces questions existentielles de manière vivencielle parce que, quand nous y répondons intellectuellement, nous sommes malheureusement souvent malhonnête avec nous-même.

 

En Biodanza, nous savons aussi que la vivencia ne ment pas, et qu’au moment où nous dansons, quand nous sommes en vivencia, quand nous sommes profondément dans l’ici et maintenant, bougeant véritablement en fonction de notre intériorité, ça c’est la vérité. Là il n’y a pas de mensonge. Nous pouvons alors nous approcher beaucoup plus et, de façon beaucoup plus réelle, donner une réponse à ces énigmes.

 

Nous savons aussi que, dans le contexte de la Biodanza, nous travaillons avec le principe biocentrique. Rolando Toro Araneda dit : « Le principe biocentrique guide toutes les réponses. Le principe biocentrique est la clé pour déchiffrer les énigmes ».

 

Qu’est-ce que le principe biocentrique : c’est notre lien profond avec la vie, cette volonté de vivre. C’est savoir que la vie a une sagesse intrinsèque qui va au-delà de l’intellect, que ce sont les cellules qui aspirent à cette connexion à la vie, pour maintenir la vie d’une façon saine, abondante, amoureuse et heureuse. Nous devons cependant être préparés pour cela, pour nous ouvrir à cette possibilité.

 

Ouvrez votre esprit, votre cœur à l’imagination, à l’aventure, aux surprises de la vie. Vous n’avez pas le contrôle sur les résultats, mais vous avez plusieurs possibilités. C’est un jeu infini, qui ne se termine jamais, parce que la vie est mouvement et chacun fait des choix qui dépendent de facteurs conscients ou inconscients. Il existe de nombreux chemins. Expérimentez de nouvelles possibilités.

 

Je termine cet article avec les mots de Rolando Toro Araneda.

 

Le noyau émotionnel de l’existence

« Que la structure de l’existence a des motivations inconscientes n’est pas tout à fait vrai. Qu’il faille donner des directives conscientes à notre existence est encore moins vrai. Que notre existence soit le résultat d’un ensemble de décisions est, finalement, complètement faux. Notre proposition est que l’existence est le développement d’un projet, et le noyau propulseur de ce projet est de nature émotionnelle. Ce noyau est quelque chose de plus complexe que ce que nous appelons communément ‘motivations instinctives’.

La structure de l’existence se base sur la réponse à trois grandes énigmes, réponse qui part de notre identité : Où est-ce que je veux vivre ? Avec qui je veux vivre ? Qu’est-ce que je veux faire ? L’existence épanouie est la réponse favorable que, par nos tous petits gestes, nous donnons à ces réponses. L’existence malade est la réponse qui nous sépare quotidiennement du chemin qui, émotionnellement, meurtrit notre cœur.

La personne saine écoute ses émotions et fait ce chemin jusqu’à la fin. Le malade se perd dans un labyrinthe construit par des propres décisions. L’insatisfaction, ou la mauvaise humeur, le sentiment de frustration, d’échec, les fréquentes sensations de vice et de manque de sens, les réponses névrotiques et d’autres formes graves de pathologie comme les conduites psychopathes, viennent de la déconnexion avec ce noyau essentiel de l’identité, le phénomène pouvant se résumer à ce qui serait la triple trahison de soi-même.

Le premier noyau, celui « où vivre » est la réponse à la profonde nostalgie d’un paradis écologique qui, sans aucun doute, existe mais qui doit être conquis. C’est notre besoin d’utérus, de giron, d’enfant, qui conduit l’humain à une espèce d’éternel retour en recherche de ses origines. Le sentiment de grotte est lié à l’idée de l’utérus. Mircea Eliade a trouvé des équivalences entre utérus, antre et maison. Ce lieu est différent pour chacun. C’est la terre promise.

La deuxième composante de ce noyau affectif de l’existence « avec qui vivre », demande un long pèlerinage en recherche d’une communication essentielle, authentique, enchanteresse avec d’autres personne. Un plongeon dans l’espèce, dans l’éros indifférencié, jusqu’à découvrir l’âme jumelle, cette résonance unique, parfait, cette intimité que produit la compagnie. Le drame existentiel ne réside pas dans le fait de ne pas trouver le compagnon, mais dans celui de ne pas pouvoir le reconnaître.

La troisième force qui impulse notre existence est, comme les précédentes, liée à l’essence de notre identité. Qu’est-ce que je veux faire ? Parmi toutes les options infinies, quelle est ma vraie profession ? Qu’elle est ma vocation ? Vocation provient de voix, appel divin, c’est ce qui nait de l’essence de notre identité. Certains exigent des essais multiples, des tâches difficiles, ou se s’abandonner à la vacuité créatrice jusqu’à trouver le métier de son plus beau potentiel. Combien y a-t-il de personnes désorientées dans le labyrinthe de notre civilisation, aliénées, qui ne marchent pas sur ces routes intérieures, qui avancent comme morts, guidés par les lamentations ? Elles rappellent la terrifiante ‘Dixième Elégie’ de Rainer Maria Rilke.

Les trois composantes affectives du noyau existentiel sont profondément liées. Où vivre. Avec qui vivre. Que faire. Le destin de l’humain, le déploiement de sa semence existentielle, n’est pas déterminé de manière fatale. Le projet se forme et se réalise, fidèle à ces émotions fondamentales et est formé par des mouvements sensibles, enracinés dans la nostalgie ».

 

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